VERS L’INFINI ET AU DELA ! (Janvier 2022)
Alors que les départs se multiplient dans tous les services, provoquant désorganisations et surcharges de travail pour ceux qui restent, alors que l’incertitude sur notre environnement se maintient à un niveau très élevé, nous avons engagé les échanges avec nos nouveaux dirigeants. La communication aux salariés se met en place. Que dire ? Le ton, la forme changent, des constats sont partagés, nous repérons des intentions intéressantes. Mais clairement, nos inquiétudes et interrogations demeurent.
Sur la forme, un style plus direct, a priori plus sincère. Les courriels sont signés Cécile, Paul est cool nous dit-on, nous pressentons le côté pince sans rire de Thibaut et Stéphane. « La cause est bonne, nous sommes une bonne bande, nous allons déplacer des montagnes, allez les garçons, on va taffer comme des dingues en toute transparence et ça va être bon ». Cela nous change un peu, c’est toujours ça.
Sur le fond, quels sont les constats partagés ?
Le 1er : le sens, l’ADN. Citons le Conseil d’administration lui-même : « La Sacem est une entreprise particulière, ce n’est pas une entreprise du cac40, c’est aussi une philosophie de l’éthique. Collectivement nous défendons la musique, la création, la liberté de créer, un idéal. ». Ce même discours que le CSE a toujours tenu, presque un édito d’Actu ! Chiche, mais pas question pour autant d’épuiser les salariés au « chant d’honneur ». Notre interrogation de longue date demeure : pouvons-nous revendiquer notre différence d’entreprise à mission, de coopérative service sans nous inscrire dans une démarche R.S.E. structurée ? Il est urgent d’aligner nos mots avec nos actes, de s’appuyer sur nos forces et nos différences en sincérité, sans double discours.
Second constat partagé : il faut recentrer la Sacem sur ses fondamentaux : collecter, documenter, répartir. Depuis peu la Sacem a voulu se transformer en ministère de la musique (au moment même de la création du CNM…) s’éloignant de son objet social principal.
En même temps la collecte est un puits sans fond, il faut être clair avec les sociétaires et les salariés sur la profondeur à laquelle nous forons. Il y a un lien entre moyens, outils et résultats ou services. Si le taux de gestion est plus élevé que d’autres O.G.C., nous sommes aussi celle qui collecte le plus de droits par habitant, ceci explique cela, c’est d’abord cela notre différence visible.
La Sacem est une PME de 1300 salariés avec des problématiques chiffre d’affaire, nombre de sociétaires, de contrats ou de données à traiter, d’enjeux technologiques, plutôt propres à des entreprises beaucoup plus importantes. Notre notoriété fait parfois oublier une taille modeste. La Sacem doit apprendre à adapter ses ambitions à ses moyens, à s’allier à d’autres pour porter ses enjeux. Dit autrement, nous ne sommes pas des magiciens. Et si la défense du droit d’auteur à la Française ressemble parfois aux combats menés dans un célèbre village Gaulois, il nous manque la potion.
Si l’ambition c’est de faire plus avec toujours moins de salariés, de trouver, sans investir et sans s’allier, des nouvelles sources de financement pour remplacer celles qui ne nécessitaient aucun investissement (droits irrépartissables, produits financiers), sans abandonner aucune des missions et sans augmenter les taux de prélèvement, alors la mission est impossible.
3 ème constat, « l’informatique va mal. » Ça va changer nous assure-t-on ? Jean Noël TRONC nous disait déjà cela il y a dix ans ! Aujourd’hui nous entendons nos dirigeants affirmer devant les salariés que la Sacem n’a pas atteint l’étape 2.0 ! L’affirmation est très excessive, blessante pour les équipes. Si tout dysfonctionne alors que les budgets consommés depuis 10 ans sont en perpétuelle croissance, à qui la faute ? Qui prend le temps d’analyser les causes ? D’entendre ce que les équipes auraient à dire sur le fond ?
La déclaration d’intention passée, comment va s’opérer cette évolution ? Pour notre part, ce que nous percevons bien c’est toute la charge, la pression qui pèse sur les épaules de nos collègues de la D.S.I.
C’est pourquoi, bien au-delà des constats et la « forme » en mode convivial, il est temps d’abandonner le court-termisme et les jeux de dupes.
Pour nous, il est surtout temps de faire évoluer une gouvernance remontant à deux siècles. Le conseil d’administration doit certes être majoritairement composé d’ayants droit mais il doit désormais s’enrichir de représentants de la direction, de représentants des salariés et sans doute d’autres membres pour lesquels la survie et la bonne santé de la Sacem sont des nécessités. Les enjeux sont trop importants.
Nos dirigeants ont pris l’habitude de nous appeler des « collaborateurs ». Nous voudrions rappeler que l’étymologie du mot veut dire « Travailler avec ». Le co de collaborateur est le même que celui de coopération, coéquipier ou cogestion. Les actes doivent désormais suivre les mots : les salariés, leurs représentants doivent être entendus, dans le respect mutuel et le secret de cette nouvelle transparence.
« Plus vite, plus fort, plus loin », vers l’infini et au delà, en attendant les sommets de l’Olympe nous vous souhaitons nos meilleurs vœux pour 2022 !