LE RETOUR DES REVENUS QUI PARTENT VITE (Avril 2022)
La question du pouvoir d’achat est centrale, l’attente d’une augmentation est forte. D’autant plus forte que les constats sur le sujet sont fâcheux.
De 2013 à 2019, alors que la collecte progressait de 35% en 7 ans, dans cette période de pleine croissance, la Sacem a mené une politique de réduction lente des effectifs visant à combler, par des économies de masse salariale, un compte de gestion structurellement obsolète. Elle a également mené de front une politique d’austérité salariale. A titre d’exemple, l’augmentation du taux du point entre 2017 et 2020 a été de seulement 0.6% alors que l’inflation sur la même période s’élevait à 3.4%, soit une perte de pouvoir d’achat de 2.8%.
En 2020 et 2021, face à la crise sanitaire, en plus de devoir combler un compte de gestion structurellement bancal, il a fallu faire face à un dysfonctionnement conjoncturel dudit compte, et là encore, la Direction a pris pour cible les salariés : gel des salaires, gel des embauches, gel des primes, réduction accélérée des effectifs via la R.C.C. Dans le même temps, l’inflation 2021 battait un lointain record, + 2.8%.
En 10 ans, nous avons donc connu une redistribution bien relative en période de croissance et une mutualisation pleine et entière des pertes en période difficile. En 10 ans, nous avons connu une réduction lente puis accélérée des effectifs et aucune évolution de la structure de financement du compte de gestion. Comme si supprimer des emplois allait résoudre le manque à gagner des produits financiers et des irrépartissables.
En 5 ans, le pouvoir d’achat des salariés a été entamé de 5.6%. A cela viendra s’ajouter une inflation 2022 entre 3.5% et 4.5%. La pression, nous connaissons, d’abord sur les emplois, puis les activités et désormais sur le pouvoir d’achat. Face à ces multiples pressions, les salariés affichent un certain ras le bol. Tout augmente à l’exception de notre pouvoir d’achat et et des effectifs.
La Direction a bien conscience du climat de tension autour du pouvoir d’achat, elle reste malgré tout modeste dans ses propositions. Pour expliquer cette « retenue », elle oppose
la situation de sociétaires fortement impactés par la crise COVID, une reprise hasardeuse. A cela, nous répondons que les salariés de l’entreprise travaillent pour tout le monde, tous les sociétaires, qu’ils soient petits, en développement ou en pleine croissance, pour tous les mandants, pour tous les répertoires, qu’ils soient dans la lumière ou dans l’ombre du succès. Ajoutons que le secteur de la musique connaît des variations spectaculaires et a bénéficié d’aides de l’état pendant la crise covid, qu’il bénéficie aussi d’un plan de relance qui devrait profiter à tous, dont la Sacem par effet ricochet.
En conséquence, en début de négociation salariale débutée en février, la Direction a souhaité «ne pas obérer la relance engagée et le soutien au pouvoir d’achats des salariés, notamment ceux ayant les plus faibles niveaux de rémunération». Après plusieurs discussions, la Direction consent à une augmentation de 1.4% du taux du point et des mesures catégorielles : pour les coefficients inférieurs à 209 soit 3 pour les coefficients inférieurs à 169 et 2 entre 169 et 209. Dans cette proposition, le soutien du pouvoir d’achat des faibles niveaux de rémunération est relatif. En effet, un salarié à coefficient 180 gagnerait approximativement 45€ de plus par mois, à coefficient 210 seulement 30 € et à coefficient 1000 il empochera 150 € !
De notre côté, nous avions proposé 8 points minimum pour tous. Ainsi, nous respections notre volonté d’une augmentation générale pour tous tout en assurant un soutien plus important aux plus faibles niveaux de rémunération que la solution finalement retenue. Dans notre proposition, un salarié à 170 points gagnait approximativement 80 € de plus par mois contre 45 € dans la solution retenue. Cette même augmentation mensuelle de 80 € était appliquée à un salarié à un coef 1000, il en gagnera finalement 150 !
Enfin, compte tenu de l’inflation galopante, nous demandions de prévoir une clause de revoyure en 2022. Nous l’avons obtenue ! Il faudra se contenter d’une promesse, un possible 0.4% au 1er octobre, sous réserve de la bonne réalisation du budget prévisionnel 2022 (collectes – gestion).