LE BON CÔTé DES ANGLES (Juillet 2022)
Après la crise de gouvernance de l’automne, après une sortie de crise sanitaire, nous profitons de l’élection d’un nouveau conseil d’administration pour dire que, quel que soit l’angle sous lequel nous nous plaçons, nous faisons toujours le même constat, il est temps de véritablement évoluer. Le plan de transformation de la Sacem ne peut se résumer à un plan d’économies, à des baisses d’effectifs, des réductions de masse salariale.
En interne, sous l’angle économique, le financement du compte de gestion est structurellement bancal, les nombreux efforts consentis depuis plus de 2 ans par les salariés seront insuffisants pour atteindre l’équilibre. Il va falloir trouver autre chose. D’autant plus que l’engagement pris d’un apport par l’augmentation des taux de prélèvement, apport présenté en son temps par la Direction comme la contribution des sociétaires en plus de celle des salariés, semble s’éloigner.
En interne, si l’on observe l’entreprise sous l’angle des salariés, des évolutions sont attendues. Dans un contexte de forte inflation, prioritairement sur les salaires, ils attendent de la reconnaissance. L’attente est d’autant plus forte que c’est dans la masse salariale que l’entreprise a réalisé la majeure partie de son plan d’économies et que la charge de travail ne cesse de croître. Parallèlement, le sens et les valeurs sont régulièrement interrogés par les salariés.
Dans ce contexte interne, compte tenu des nécessaires développements informatiques (enjeu stratégique primordial), des missions à réaliser afin de maintenir le niveau de performance et de service, il nous semble urgent de mutualiser les moyens, multiplier les partenariats avec d’autres O.G.C. Pareil scénario permettrait de mutualiser des gains et d’atteindre l’équilibreet par conséquent de donner aux métiers les moyens de réaliser les missions et/ou d’accroître les sommes bénéficiant aux ayants droit. Ce faisant, nous anticiperions probablement une recommandation à venir de la commission de contrôle des OGC car il serait étonnant que ses recommandations en la matière se limitent à terme aux seules sociétés d’artistes interprètes (cf. rapport annuel 2022 de la commission).
Par ailleurs, sous un angle sociétal, la Sacem est éloignée de deux sujets majeurs : le développement durable et l’évolution de la gouvernance. Au point d’être entrée en zone de risque. Risque de désaccord avec une société en mouvement, des sociétaires et une filière de plus en plus
impliquée, des salariés déçus. La jeune génération a un grand questionnement sur l’intérêt porté au travail, son sens, sur le sens même de l’activité de l’entreprise. Des progrès sont à mener pour construire des collectifs mieux équilibrés entre attentes collectives et attentes individuelles.
Dans ce contexte, il est indispensable d’intégrer le dialogue sociétal dans le dialogue social, d’entrer de plein- pied, avec l’ensemble des partenaires, dans une démarche R.S.E. complète. Nous persistons, comment la Sacem peut-elle se réclamer du secteur des coopératives services sans démarche R.S.E. ?
Il nous paraît urgent de faire évoluer cette gouvernance remontant à deux siècles. Le conseil d’administration doit certes être majoritairement composé d’ayants droit, mais il doit désormais s’enrichir de représentants de la direction, de représentants des salariés et sans doute d’autres membres pour lesquels la survie et la bonne santé de la Sacem sont des nécessités.
Pendant ce temps, nos gouvernants préfèrent, une fois de plus, faire appel aux cabinets de consultants plutôt qu’aux salariés. Pendant ce temps, en pleine crise Covid, le cabinet Oliver Wyman est venu nous dire ce que nous savions déjà et au prix fort. Un cabinet qui selon la Direction « n’a pas trouvé de leviers d’économies majeurs, l’organisation étant déjà optimisée en matière de charges opérationnelles ». C’est dommage et les effets négatifs de ce choix justifient un mode de gouvernance plus participatif fonctionnant mieux par adhésion.
Les salariés sont lassés par la multiplication des projets de transformation auxquels il ne sont que très faiblement associés. De leur côté, ceux qui dirigent cette Sacem à laquelle nous sommes tous attachés, sont-ils prêts à évoluer ? A changer d’angle ? A se tourner vers d’autres O.G.C. dans l’intérêt collectif ? A engager une véritable démarche R.S.E, laquelle entraîne nécessairement des engagements en matière de développement durable et une réforme de la gouvernance ? La R.S.E. est un projet capable de fédérer un collectif en prenant en compte la montée des individualités mais elle doit être portée en sincérité au plus haut de l’entreprise. La base vous attend !