Figaro-ci, Figaro-las (Décembre 2019)
Pour comprendre le fossé qui sépare Jean Noël TRONC du quotidien des salariés de la Sacem il fallait lire son interview dans le Figaro, son quotidien à lui. Nul besoin de se tortorer la lecture de l’article au complet, la réponse à la 1ere question suffisait, peut-être avait-il deviné que nous ne lirions pas jusqu’au bout. Que dit-il : « Nous avons supprimé une centaine de postes alors même que les volumes à traiter n’ont cessé de croitre ». Il aurait pu ajouter « qui dit mieux » et s’il a oublié de dire que la collecte a progressé de près de 30% en 6 ans, ce n’est pas de la fausse modestie, c’est que ça fait mauvais genre dans l’économie culturelle.
Peut-on imaginer Thierry Breton, en 2017, après une année record d’Atos, se féliciter dans la presse de l’augmentation de 10% du chiffre d’affaires, de la croissance des volumes et de la baisse de 10 % des effectifs ? Entre potes, au restaurant « la méditerranée », ce mauvais mot plutôt qu’un autre passe encore. Mais dans la presse, fut elle libérale, c’est de mauvais gout !
L’interview a le mérite de la clarté, Jean Noël TRONC observe les salariés de la Sacem comme un centre de coût, peut être comme un taux d’emmerde et rarement comme un facteur de réussite. À croire qu’il est persuadé que s’il ne devait en rester plus qu’un ce devrait être lui et que tous ces beaux résultats sont le fruit de son unique travail et de son immense géni. Vous avez vraiment été très nombreux à vous émouvoir auprès de vos représentants de cette interview dans le figaro.
Et de promettre plus loin «nous allons continuer ces efforts.» Surréaliste. Tout le monde, top management compris, dit tout haut que nous ne pouvons continuer ainsi, Jean Noël TRONC, lui, persiste et signe. Il dit clairement qu’il entend maintenir cette injonction contradictoire majeure, faire du plus avec du moins. Injonction qui est facteur de risques psycho-sociaux élevés, que nous dénoncions, et à laquelle il a donc fait semblant de renoncer après un mouvement de grève en 2018.
Toujours plus de volumes et encore moins de salariés, toujours plus de collectes et le gel complet du taux du point.. Le malaise en interne va grandissant, Jean Noël TRONC le sait pertinemment et se garde bien de relancer l’enquête witifyt, baromètre de la qualité de vie au travail,. Il n’a probablement pas particulièrement apprécié le résultat de la 1ere, semble convaincu que le résultat de la prochaine sera encore moins bon. Il n’a aussi probablement pas envie d’accumuler les signaux objectifs d’alerte.
De notre côté, plus nous rencontrons de collègues dans le cadre des projets en cours présentés au CSE (DLIO, redécoupage des DR, mobilité de salariés vers la tour RTE de la défense, projets DT …) , plus nous échangeons avec vous et plus nous entendons l’expression d’une souffrance et d’un vrai ras le bol. Ras le bol de, ces moyens qui manquent, ce robinet qui se ferme inlassablement, ces volumes qui augmentent sans fin, cette intensité toujours croissante, cette qualité dégradée, ce manque de clarté.
Expliquer le coût du mal être au travail à certains dirigeants, c’est un peu comme expliquer le droit d’auteur à certains exploitants, trop immatériel, abstrait. Manque la radio des fractures, le plâtre, la facture de 15 M€ de la société cervelle en compote à régler. Nous attendons de la Direction qu’elle lâche du lest, que la pression retombe vraiment, qu’elle communique la perspective emploi à 3 ans, qu’elle préserve le pouvoir d’achat des salariés et que ce faisant elle regagne la confiance de toutes et tous.