En marche… Sur la tête (Janvier 2019)
En 2018, la consultation des salariés, que ce soit par le Comité d’Entreprise ou Wittyfit, a encore montré une adhésion de tous aux valeurs fondatrices de l’entreprise, une fierté d’appartenance, un attachement à nos missions auprès des sociétaires, au service de la culture. Dans le même temps, les salariés continuent de dire que, de leur point de vue, de grands équilibres sont ébranlés, que le décalage entre l’image que la Sacem veut donner d’elle et la réalité vécue de l’intérieur est grand. Un peu plus de chiffre et un peu moins d’humain(s), un peu plus de CAC et un peu moins de coop, un peu plus d’industrie et un peu moins de culturel. L’enquête wittyfit le montre, le poids du financier dans les décisions prises fait l’objet d’une satisfaction inférieure à 5 et l’idée la plus «likée» de tout WITTYFIT est : « Notre direction nous demande de défendre les droits d’auteur et nous donne des directives de plus en plus commerciales. C’est incohérent». Nous le disons depuis longtemps, si l’objet de la mission est de faire se rencontrer les 20% des plus gros clients et les 15% des plus gros créateurs, d’autres le feront mieux que nous.
Interrogeons les salariés, les sociétaires : «A quel modèle, représenté par ces deux groupes d’entreprises soit, Netflix/Amazon/SFR ou la MAIF/Biocoop/le crédit coopératif, devrait appartenir la Sacem ?» Poser la question, c’est peut-être déjà y répondre. Quel est le dénominateur commun aux entreprises du second groupe ? Elles appartiennent au secteur de l’économie sociale et solidaire, elles se distinguent par leur forme juridique et surtout par leurs valeurs, la finalité sociale dont la primauté de l’homme sur le capital, l’utilisation des bénéfices au service d’une cause. Nous entendons régulièrement Jean-Noël TRONC dire à l’extérieur que la Sacem était à l’origine un syndicat, qu’elle fonctionne désormais sur le modèle d’une coopérative. Il serait temps d’avoir le courage d’assumer ce que nous disons être, de mettre en concordance nos actes et nos paroles, de faire reconnaître notre statut d’entreprise du secteur. Nous pouvons espérer que, dans un futur proche, l’Economie Sociale et Solidaire devienne un point de repère fort à atteindre, au même titre que le bio ou les énergies renouvelables.
Que nous manque-t-il pour finalement être dans les actes, ce que parfois nous affirmons par des mots ? Peut être pas grand-chose. Côté sociétaires, entre autre, plus d’attention via des services ou aides non monétaires aux adhérents et côté salariés, l’intégration de représentants des salariés à la gouvernance de l’entreprise. Pour ce dernier point, rien de bien grave ni de très compliqué, c’est déjà le cas depuis 2013 dans les grandes entreprises du secteur privé ! Cela permettrait parfois au conseil de se poser les bonnes questions et d’avoir des réponses sans forcément passer par des audits externes. Cela permettrait aux salariés de faire remonter des sujets de tension sans être arrêtés par les filtres hiérarchiques. Les représentants du personnel, membres des conseils d’Administration, sont certes parrainés par leurs syndicats mais ne sont pas des syndicalistes en mission. Réduire les salariés à de simples sujets, objets de redistribution, c’est passer à côté de leur volonté d’être pleinement associés aux décisions.
La stratégie générale de l’entreprise, plutôt que viser l’éphémère et fragile place de N°1, devrait ambitionner de faire de la Sacem un modèle durable et solide qui soit en concordance avec son histoire, ses missions, son époque. Notre avenir collectif pourrait être désespérant si nous le laissions décider à notre place. Nous pensons qu’il s’invente aussi dans les entreprises et, qu’ici aussi, nous participons à la construction de la culture, tout autant musicale que démocratique.