A revoir la haut (Novembre 2023)
L’accord de N.A.O. 2023 prévoyait une clause de revoyure. Face à l’inflation, l’objectif était de trouver des solutions équilibrées d’augmentation des salaires, en deux temps dans l’année plutôt qu’en un seul en début d’année. C’est un outil de d’ajustement de la politique salariale dont de plus en plus d’entreprises usent dans cette période de forte inflation.
La Direction ne prend pas la pleine mesure des conséquences de la forte inflation que nous connaissons depuis plusieurs années, des effets par accumulation d ’écarts entre inflation et augmentation générale des salaires. Nous assistons, dans la durée, à une diminution du salaire réel, une baisse du pouvoir d’achat.
Pour ce rendez-vous important, de notre côté, nous avions préparé un document détaillé présentant des constats précis. Constats diffusés en synthèse aux salariés dans l’édito d’Actu d’octobre. Nous attendions un échange ouvert dans l’espoir de trouver une solution équilibrée prenant en compte les éléments de contexte.
Nous visions « intérieurement » un complément de 1.25% d’augmentation générale des salaires. La Direction pouvait proposer à minima de minima une hausse générale de 0.5% associée à une hausse de l’enveloppe des augmentations individuelles de +0.5%. C’était un minima de minima. Ce sera zéro.
Le zéro pointé est un très mauvais message envoyé aux négociateurs et aux salariés.
Aux négociateurs, parce que tout était joué d’avance. Cela entame fortement notre confiance dans le dialogue social. Refus catégorique pour ne pas amputer le compte de gestion, refus catégorique parce que 2024 est incertain. L’inflation pourrait être à 7%, le résultat aurait été le même. La collecte pourrait être de +15%, le résultat serait identique. Le sujet de fond c’est le financement du compte de gestion.
Aux salariés, car, dans ces conditions, nous cherchons les leviers de motivation. Pour la Direction, les excellents résultats 2022, 2023 ne doivent pas nous faire perdre de vue un avenir très incertain, sombre, triste…. Elle nous dit en filigrane « 2024 sera difficile, n’entamons pas l’avenir ».
Oui 2024 sera difficile. Prioritairement, parce que le message envoyé aux salariés est source de démotivation et produira une accélération des départs. Les raisons du mécontentement sont là et bien là et, dans une époque plus individualiste, les indices d’un désengagement des salariés seront plus importants. L’absentéisme physique ou moral, la résistance passive à un projet dans lequel l’individu est perdu. L’entreprise
se privera d’une dynamique humaine dont elle a pu profiter par le passé pour le plus grand bénéfice des salariés et des sociétaires.
Les effets de cette politique salariale sont peu visibles mais ils ont un coût caché, il ampute les résultats de l’entreprise. Alors, quand en 2024 la Direction mettra en avant des causes exogènes pour expliquer la diminution de collectes auxquelles elle semble s’attendre, nous pointerons nous, en parallèle, des causes endogènes, le résultat d’une politique salariale inadaptée en période d’inflation et un dialogue social à vif.
Pour 2023 la Direction met en avant la forte progression de la Prime Partage de la Valeur destinée à une partie des salariés. Cette prime a l’avantage d’être défiscalisée mais elle ne compense pas l’inflation dans la durée. De plus cette prime marche sur les plates bandes de l’accord intéressement. Pour ces raisons, en matière de PPV, la pratique d’autres entreprises est différente, un usage plus mesuré du dispositif. Est-ce parce qu’elle a trop misé sur la PPV que la Direction veut absolument renégocier l’accord intéressement ? Pour le détériorer au détriment de tous les salariés ?
Ce rendez-vous raté par la Direction interroge selon nous la politique salariale et sociale, l’usage des outils à disposition pour la mener, la nature du dialogue social. C’est pour nous une copie à revoir la haut. A défaut, nous serions dans une impasse sur ces sujets. Sujets juste essentiels pour aborder sereinement un avenir par nature incertain.