Ils en rêvaient le covid l’a fait (Octobre 2020)

Inutile de verser dans des théories complotistes pour comprendre l’actualité sociale de la Sacem. Ils en rêvaient le COVID l’a fait, c’est bête comme chou. Vu de l’extérieur cela pourrait passer, de l’intérieur il en va autrement. 

                  «Face à une perte de 250 millions de droits d’auteur, la Sacem veut couper 170 postes»

C’est le titre des échos après avoir rencontré Jean Noël TRONC.  Et voici ce que disait ce même Jean-Noël TRONC aux représentants du personnel : «À l’horizon 2025, l’hypothèse des pertes cumulées du compte de gestion de la Sacem approche les 150 millions d’euros. Or, l’effet de la crise du COVID est estimé entre 40 et 50 millions d’euros. Le reste des pertes est dû à la baisse des revenus générés par les produits financiers, les irrépartissables et la croissance des collectes online accompagnée de la baisse des collectes plus rentables

Donc, bien avant la crise, la Sacem avait déjà mécaniquement devant elle un problème de financement de son compte de gestion alors même qu’elle réalisait des croissances exponentielles. La crise sanitaire a mis en lumière un financement du compte de gestion obsolète car reposant sur des irrépartissables que l’entreprise aurait pu entretenir pour se financer, pas très fair-play !. Bref, le compte de gestion va mal parce que l’entreprise répartit  mieux, plus vite et parce que le capital placé rémunère moins ! Etonnant non ? Et grâce au COVID, l’espoir est né de présenter l’addition aux salariés. La transformation d’une contrainte en opportunité.

«Sans doute préféreriez-vous que je vous donne dès maintenant le chiffre du nombre de postes  concerné par cette diminution, mais je ne le ferai pas pour une raison très importante, c’est que ce plan n’est pas encore défini dans le détail et que notre objectif est de rechercher un accord équilibré de ce plan en se donnant environ deux mois dans les discussions avec les organisations syndicales.»

Ce sont les mots de Jean-Noël TRONC dans son allocution aux salariés le 21 septembre. «La Sacem veut couper 170 postes», c’est son annonce à l’assemblée générale du prodiss, devant la presse, le même jour.  C’est de nature à donner confiance, mais à qui ? A la partie des membres du conseil qui, profitant de la crise, entend réduire durablement les charges de personnel, ignorant le risque de surchauffe et de torsion du modèle ? Certainement pas aux salariés.

Nous attendons mieux du Directeur général, plus de respect pour les salariés. Qu’il s’intéresse à ceux qui s’interrogent sur leur avenir, à ceux qui vont faire face à un choix difficile et qui quitteront l’entreprise d’une manière inattendue, brutale. Nous pensons à ceux qui, en regardant le présent, penseront encore longtemps au  sens de leur travail, s’interrogeront sur leur engagement au service de cette maison, sur leur sentiment d’appartenance, ainsi que sur leur adhésion aux valeurs de l’entreprise. Nous attendons plus de considération, pouvons-nous espérer un peu plus de sincérité et de loyauté ? 

Passée l’annonce, nous retiendrons que c’est bien la masse salariale qui est dans le viseur, ce sont bien les salariés qui sont ciblés, 10% aujourd’hui, la totalité demain ? Passée l’annonce, nous nous interrogeons sur la capacité de l’entreprise à assumer ses choix.  Comme nombre d’entre vous, nous nous interrogeons sur l’avenir de la Sacem, ses créateurs, son modèle, en l’absence de réforme structurelle de son mécanisme de financement du compte de gestion.

La réduction structurelle de la masse salariale, c’est la partie visible d’une réponse à des enjeux plus larges, dont une partie dépasse les salariés et qu’ignorent une partie des sociétaires. Nos administrateurs devraient se demander si les bénéfices attendus à court terme seront supérieurs aux effets potentiellement graves à long terme.  Demain se construit aujourd’hui;