Pars vite, loin, longtemps (Mai 2020)

Avant tout, nous apportons notre soutien à celles et ceux qui sont atteints par la maladie. A celles et ceux dont les proches sont touchés par le coronavirus.  Nous apportons notre soutien à celles et ceux, collègues, sociétaires, dont les proches, parents, conjoints, enfants sont en 1ère ligne, particulièrement exposés au risque, tant dans les services de santé que dans tous les autres secteurs essentiels et indispensables au fonctionnement du pays. Nous apportons notre soutien à tous les précaires aux revenus modestes, qu’ils soient intermittents, vacataires, stagiaires, contrats courts, saisonniers… contraints d’arrêter leur activité professionnelle du fait des mesures de confinement. Nous espérons qu’ils pourront bénéficier de mesures financières exceptionnelles de solidarité nationale et de la solidité des structures familiales. 

 La crise que nous traversons est aujourd’hui sanitaire. A cette crise sont associés des risques de dépression économique, sociale, psychologique. Le défi qui est devant nous est d’arriver à maintenir les équilibres, à rester debout, résilients et vaillants. Nous pensons que la solidarité est un levier essentiel pour y parvenir.  Nombre d’entre nous qui ne sont pas en 1ère ligne ont fait le choix, dans la mesure de ce que chacun peut faire, d’agir pour aider, soutenir celles et ceux qui en ont le plus besoin. Des réseaux de solidarité, des initiatives locales voient le jour, nous encourageons celles et ceux qui le peuvent à s’y associer, celles et ceux qui en ont besoin à les activer.

Parce que nos forces résident aussi dans notre capacité à rester lucides et à ne pas accepter n’importe quelle réponse, à être imaginatifs, nous resterons vigilants, pas question de céder à celles ou ceux qui voudront faire payer aux travailleurs le coût de cette crise. S’il y a une réflexion collective à porter, elle porte avant tout sur la qualité. La solution pour nous n’est pas de travailler plus individuellement, mais tous et mieux. Nous ne nous soumettrons pas à la gouvernance par la peur et, loin des solutions toutes faites qui tombent d’en haut, nous entendons opposer humblement résistance et expression collective.    

La crise sanitaire dans laquelle nous sommes entrés est aussi révélatrice, entre autre, de nos solidarités, réelles ou supposées. Sur ce terrain-là, comme sur d’autres, nous n’avons pas de vaccin mais des idées. A titre d’exemple, nous proposions, en échange du maintien à 100%  du salaire pour nos collègues en chômage partiel, des dons de congés  pendant la période de confinement. Impossible nous a-t-on dit. Dommage, occasion refusée aux salariés d’afficher leur solidarité. De leur côté, dans cet esprit de solidarité, vos représentants du personnel, l’ensemble des organisations syndicales, ont naturellement su parler d’une seule voix au C.S.E. Nous avons, ensemble, avec simplicité, privilégié l’entente, le dialogue et le travail commun.  

Pendant ce temps là, en plaçant la quasi-totalité du Réseau régional au chômage partiel, sans discernement et par là même en créant des entorses aux principes de solidarité qui sont les fondements même de l’entreprise, le Conseil d’Administration et le Directeur Général Gérant ont pris le risque d’une rupture de confiance avec les salariés. Il faudra bien que, le moment venu, le Directeur Général  explique aux salariés, et plus particulièrement à ceux du Réseau, les raisons pour lesquelles il les a placés en chômage partiel sans maintien à 100% de leur rémunération, alors que des activités subsistaient. Pour preuve, les services centraux et supports de la Direction du Réseau ne sont pas placés en chômage partiel. Il faudra qu’il explique pourquoi il a isolé le Réseau. Il y a pour nous recherche d’effet d’aubaine dans une entreprise de stigmatisation du Réseau débutée bien avant la crise sanitaire. Il faudra à notre Directeur Général Gérant un peu plus d’arguments que ses habituels monologues. A nos yeux, c’est bien lui qui a cédé à la tentation de la polémique et de la division par cette décision. Notre entreprise, ses salariés et ses sociétaires méritent mieux.

Outre la santé, l’inquiétude parmi les salariés porte également sur le chômage partiel, sa durée, la perte de revenus associée. Elle porte aussi sur l’emploi à

l’heure où l’entreprise, de la manière la plus anxiogène qui soit, dit haut et fort dans la presse qu’elle travaille sur un plan d’économie, sans préalablement en avoir dévoilé les contours aux salariés. A toutes celles et ceux qui nous font part de leur inquiétude, nous rappelons ce que disait en mars la Direction : « la Sacem est forte de ses excellents résultats accumulés au cours des 10 dernières années et de la robustesse de son modèle», que le Réseau en est un pilier. L’affaiblir reviendrait à affaiblir tout l’édifice. Nous partageons et pensons également que nous avons collectivement un moment difficile à passer mais que la musique est le langage du partage, de la générosité, qu’elle est au cœur de la vie sociale. Cette économie se relèvera de cette crise, peut être grandie parce qu’elle aura aidé, à sa manière, avec ses armes, à traverser l’épreuve. Enfin, nous disons à celles et ceux qui seraient tentés par la seule logique budgétaire que ce serait une erreur. Il suffit de regarder le secteur hospitalier pour comprendre les dégâts de cette logique d’économies. Et si nécessaire, nous serons là pour rappeler que le gouvernement a massivement ouvert aux entreprises la possibilité de recours au chômage partiel avec l’objectif affiché que cette mesure exceptionnelle préserve l’économie et l’emploi. Les entreprises faisant appel aux aides de l’état, donc à la solidarité nationale, ont une dette morale vis-à-vis de la collectivité.

Malgré tout, il y aura un avant et un après. Peut-être qu’après, la santé, l’éducation et la culture reviendront au cœur des politiques publiques. Cela dépendra peut-être pour partie des idées qui auront pu voir le jour pendant cet espace-temps fait de patience et de peurs. Concernant l’avenir, une phrase de Laurent BERGER résume assez bien notre état d’esprit : «nous allons devoir redéfinir la notion de progrès, intégrer de nouveaux indicateurs sur la santé, le bien commun, et investir dans des infrastructures sociales et de grands  travaux écologiques. Cette crise doit nous pousser à revoir notre modèle de développement».. L’avenir se prépare aujourd’hui.